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CHAPITRE III.

dans l’eau du marais, où il disparut aussitôt.

Le nabab poussa un grand cri. Son pied venait de glisser dans la mare de sang qui était sous le corps de son frère.

Il plongea tout habillé, tandis que le bac, chargé de ses quatre cadavres, continuait d’aller à la dérive vers le tournant de la Femme-Blanche.

Il resta longtemps sous l’eau, sondant les profondeurs sombres du marais. Par trois fois on eût pu le voir reparaître, et, par trois fois entendre sa voix sonore qui jetait aux deux rives du lac le nom de son frère.

Quand ces appels se taisaient, on n’entendait que le bruit sourd de l’inondation croissante, et ces vagues mugissements que jette le gouffre de la Femme-Blanche.

Louis plongea une dernière fois, et gagna ensuite la rive à la nage.

En ce moment, le bac touchait la lèvre du tournant et disparaissait sous les voiles de brouillard qui forment le vêtement fantastique de la Femme-Blanche.

Le chaland tournoya en craquant ; les cadavres soulevés se choquèrent. Le gouffre s’était refermé.

. . . . . . . . . . . . . . .

Les deux chaises de poste, que nous avons vues