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LES BELLES-DE-NUIT.

s’arrêter devant l’auberge du Mouton couronné, sur le port de Redon, avaient passé la rivière d’Oust au pont des Houssayes, et gagné le manoir de Penhoël, par la route praticable aux voitures.

Les portes du manoir étaient ouvertes. Pontalès semblait avoir voulu défier les événements et proclamer bien haut qu’il attendait ses adversaires de pied ferme.

À l’intérieur de la maison, rien n’avait changé depuis trois mois. Durant tout cet espace de temps, en effet, Pontalès avait continué d’habiter le grand château, ne voulant pas jouir d’un bien qui ne lui était pas encore définitivement acquis.

Une fois passé le terme du rachat, il comptait bien prendre sa revanche.

Dans le salon du manoir, les voyageurs de nos deux chaises de poste étaient réunis.

On avait couché Madame sur sa chaise longue, et tout le monde l’entourait. Elle était pâle comme une morte ; ses beaux traits, amaigris et fatigués, accusaient de longs jours de torture. Elle avait les yeux fermés ; son souffle était faible, et il semblait que la vie fût sur le point de l’abandonner.

L’oncle Jean tenait une de ses mains et cherchait les imperceptibles battements de son pouls.