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CHAPITRE III.

Diane et Cyprienne essayaient de réchauffer son autre main à force de baisers.

Blanche était à genoux sur le tapis à ses pieds.

À l’entour se rangeaient Étienne, Roger, Vincent et le bon vieux Géraud.

On entendit au loin, sur le marais, trois cris vibrants et prolongés.

Marthe eut un tressaillement faible, et ses paupières se soulevèrent à demi pour retomber aussitôt.

Elle était dans cet état de torpeur et d’anéantissement depuis son départ de Redon. Trop de souffrances avaient brisé son pauvre cœur de mère. Pendant la route, l’oncle Jean avait essayé de lui parler et de la préparer, mais ses oreilles étaient fermées.

Elle ne savait rien de ce qui s’était passé depuis quelques jours. Pour elle, il n’y avait point encore d’espoir, et son cœur restait accablé sous le malheur qui déjà n’existait plus.

Dans le salon de Penhoël tout le monde avait la même pensée, bien que personne ne songeât à l’exprimer par des paroles. Chacun se disait :

— Si elle allait mourir avant d’être heureuse !…

Car sa joue devenait à chaque instant plus pâle, et le souffle qui tombait de ses lèvres