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LES BELLES-DE-NUIT.

entr’ouvertes s’affaiblissait de plus en plus.

— Ma mère !… dit l’Ange qui avait des larmes dans les yeux, ne veux-tu point te réveiller ?

Marthe n’entendait pas.

Cyprienne et Diane levaient au ciel leurs beaux regards humides, et priaient Dieu de toute la puissance de leurs âmes.

Tout à coup elles se dressèrent en même temps sur leurs pieds ; l’amour avait fait naître la même pensée au fond de leurs cœurs.

Dans un coin du salon, les petites harpes à pivots se cachaient à demi sous les draperies d’une fenêtre, muettes depuis bien des jours.

Diane et Cyprienne les roulèrent, sans bruit, jusqu’au milieu de la chambre.

Puis elles préludèrent doucement.

Puis encore leurs voix fraîches et pures s’unirent en disant cette chanson bretonne que Madame aimait à entendre autrefois…

Les témoins de cette scène avaient les yeux fixés sur la malade, et retenaient leur souffle.

Le premier couplet s’acheva sans que Marthe eût fait un mouvement.

Les mains de Diane et de Cyprienne tremblaient en touchant les cordes de leurs harpes. Leurs voix étaient pleines de larmes.

Au second couplet, un soupir faible s’échappa de la poitrine de Marthe. Toutes les mains se