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LES BELLES-DE-NUIT.

Il fit un geste d’impatience et ouvrit la porte. Sa voix résonna dans le silence du corridor.

— Séid !… Obbah !…

Rien. C’était la première fois que les noirs restaient muets à son appel.

Mais Berry Montalt était fait de telle sorte que les circonstances ordinaires de la vie ne le frappaient point. Au lieu de s’étonner ou de rechercher la cause de cet abandon inexplicable, il traversa le corridor et gagna sa chambre à coucher.

Il se jeta tout habillé sur son lit, fuyant la fatigue inutile de ses réflexions, et implorant de nouveau le sommeil.

Le sommeil ne voulait point venir. À de certains moments, il tombait dans une sorte d’assoupissement fiévreux et lourd ; mais son agitation, luttant contre les derniers effets de l’opium, entourait son chevet de fantômes. Il revoyait des choses et des hommes, absents depuis les jours de sa jeunesse.

Sa vie avait-elle été le rêve, et le rêve était-il la réalité ?

Chaque fois qu’il fermait les yeux, les figures amies d’autrefois accouraient lui sourire. Il revoyait le paysage agreste que son enfance avait aimé. Il s’égarait dans des sentiers connus et s’arrêtait à l’ombre du vieil arbre, dont