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CHAPITRE XVIII.

l’écorce fidèle avait gardé un chiffre, gravé par sa propre main.

C’étaient les eaux tranquilles d’un grand lac, au milieu duquel montaient et se balançaient de blanches vapeurs. Les saules pleuraient au bord de l’eau, qui entraînait leurs branches pliantes. Le soleil se couchait, tout pâle, derrière les hautes châtaigneraies.

Et le long de ce sentier ombreux qui descendait la montagne, une jeune fille s’avançait à pas lents.

Qu’elle était belle ! et que de douce candeur couronnait son visage de vierge !

Les derniers rayons du jour semblaient se jouer avec amour dans les ondes molles de ses blonds cheveux.

Elle souriait seule avec elle-même ; sa tête se penchait sur la marguerite des champs que sa main blanche et fine effeuillait avec lenteur.

Montalt l’entendait. Elle demandait à la petite fleur, la jeune fille crédule : « M’aime-t-il un peu ?… M’aime-t-il beaucoup ?… »

Et, suivant ce que la fleur répondait, le sourire de la jeune fille rayonnait ou ses beaux yeux se voilaient de larmes…

Montalt se retournait sur sa couche qui le brûlait. Un nom venait mourir à sa lèvre…