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LES BELLES-DE-NUIT.

Puis quelque voix mystérieuse s’élevait parmi le silence et modulait simplement les notes d’un chant rustique, ce doux chant des Belles-de-Nuit dont les jeunes filles avaient bercé naguère son premier sommeil.

Montalt écoutait, malgré lui, cette mélodie où il y avait du bonheur et des larmes.

Le soleil s’était caché derrière la châtaigneraie. La nuit tombait bleue, paisible, étoilée. La chanson des pâtres mourait dans le lointain. Où était la blonde jeune fille ?

Au sommet de la colline, il y avait un grand jardin, le jardin d’un noble château. La nuit était encore plus noire sous la tonnelle, où le chèvrefeuille et la clématite mariaient leurs feuillages protecteurs. C’est à peine si l’on apercevait une forme blanche sur le banc de gazon.

La jeune fille dormait.

Berry Montalt sentait sa respiration s’arrêter dans sa gorge, et, le long de ses tempes ardentes, de grosses gouttes de sueur coulaient de son front.

La passion le plongea bientôt dans un rêve d’extase.

Plus il faisait d’efforts pour revenir à la vie réelle, et plus de séduisantes images semblaient enchaîner sa volonté.