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PAR PAUL FÉVAL

— Lisez.

Je déchirai l’enveloppe.

C’était une lettre de Marseille.

Je lus, au travers d’un éblouissement :

« J’ai l’honneur de vous adresser un extrait du registre mortuaire de l’hôpital de Marseille, contenant l’acte de décès de la femme Ida Lodin, décédée à la suite d’une congestion pulmonaire… »

La lettre glissa sur le tapis. Nous étions, Gustave et moi, comme deux statues.

Maxime ne luttait plus. Il réunit nos deux mains dans les siennes. Ses yeux agrandis se levèrent au ciel. Cette agonie était belle comme un triomphe.

Gustave se prit à sangloter. Mon sang se retirait de mon cœur.

Maxime lâcha tout-à-coup la main de Gustave et lui fit signe de s’éloigner. Gustave obéit, cachant sa tête entre ses mains.

Le regard de Maxime le suivait.

— Vous êtes libres ! murmura-t-il ; — libres d’être heureux ! Je sais cela depuis plusieurs jours… pardonnez-moi si je vous l’ai caché… vous auriez refusé mon nom et ma fortune…

Il resta quelque temps immobile et muet. La nature en lui était absolument épuisée. Au bout d’une minute, ma main éprouva le senti