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Page:Féval - Madame Gil Blas (volumes 1 à 4) - 1856-57.djvu/24

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— À demain !

En rentrant, la Noué faisait la soupe. Elle était à la fois très soigneuse et très sale : très soigneuse pour ne pas casser, pour conserver, pour ranger ; très sale pour tout ce qui était nettoyage de luxe.

On use en lavant, on use en essuyant, on use en brossant.

Je n’étais pas délicate assurément, mai je ne mangeais pas toujours dé bon cœur la trempée de Scholastique, qui, craignant peut-être d’user ses mains, ne leur faisait jamais voir l’eau.

Le plancher de la loge était tout bonnement de la terre battue. Il n’y avait point de balai. Quand la poussière et la boue étaient trop épaisses, on ratissait le sol avec une planche, emmanchée comme un râteau. Je mettais cela sur le tas de fumier, dans la cour. Autant de gagné.

La trempée faite, dans l’été, j’épluchais la filasse de Scholastique où je savonnais les lambeaux qui lui servaient de mouchoirs. L’hiver, on allait se coucher pour ne point user de chandelle.

Scholastique pleurait toujours misère, surtout quand le bonhomme demandait quelque douceur. Mais on ne cache rien aux enfans. Il y avait dans la paillasse de Scholastique un vieux bas de laine qui contenait plusieurs louis d’or avec des écus de cent sous. Si elle avait su