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Page:Féval - Madame Gil Blas (volumes 1 à 4) - 1856-57.djvu/28

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De l’argent, pour nous marier, Gustave et moi.

Un instant je fus avare dans toute la force du terme. La passion d’amasser me saisit avec une véritable violence. Je creusai ma petite cervelle afin de trouver un moyen de thésauriser. Thésauriser quoi ? je ne gagnais rien et je n’avais rien.

Vers le matin, je sautai hors de mon lit. Comme Archimède, j’avais trouvé !

Je m’élançai au dehors et je gagnai tout d’un temps le haut de la côte. Je m’orientai. À l’endroit juste où la diligence avait coutume de reprendre le trot, je découpai une belle motte de gazon sur le bas-côté de la route. Sous la motte coupée, mon eustache me servit à creuser un trou carré, sur lequel je remis proprement la motte. de gazon.

Cela fait, je revins à toutes jambes préparer la teutée de la Noué.

Ma tirelire était fabriquée. Il n’y avait encore rien dedans, mais patience ! Je ne me sentais pas de joie. L’héritière qui songe qu’elle va enrichir celui qu’elle aime doit éprouver quelque chose de cette allégresse. J’étais un bon parti : j’avais ma tirelire.

Il ne s’agissait plus que de l’emplir.

Ah ! Gustave amassait de l’argent ! Ah ! Gustave pensait faire tout seul les frais de la noce !

J’eus bien envie de lui dire dès ce jour : Je te ménage une surprise ; j’eus bien envie de lui