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Page:Féval - Madame Gil Blas (volumes 1 à 4) - 1856-57.djvu/34

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Il me serra contre son cœur si joyeux et si ému que je sentais ses jambes trembler.

— Si c’est comme ça, ma Suzette chérie, me dit-il, nous serons bien heureux, va !

Et moi, j’ajoutai :

Nous n’avons plus guère que six ans à attendre !

C’était plus de la moitié de mon âge, mais j’avais une arrière-pensée : je songeais à mon trésor et je voulais le temps de l’augmenter.

La Noué revint qu’il était tout à fait nuit ; elle balbutiait en parlant, elle chancelait en marchant ; elle était ivre. Jamais je ne l’avais vue ainsi car elle pouvait boire considérablement sans perdre la raison ni l’équilibre.

En entrant, elle regarda autour d’elle d’un air étonné, comme si elle n’eût point reconnu la cabane.

— À ta niche ! me dit-elle.

Et comme je n’obéissais pas assez vite, elle leva la pioche sur ma tête.

Je courus me blottir aux pieds du vieillard, qui tournait vers elle ses yeux éteints et qui tremblait. Elle ne me demanda point le compte de la journée.

Au lieu de sa pinte de cidre, elle mit chauffer un pot tout entier.

Elle avait un paquet sous le bras, elle le défit. C’était un grand carré de serpillière usée et tachée.