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Page:Féval - Madame Gil Blas (volumes 1 à 4) - 1856-57.djvu/35

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MADAME GIL BLAS

— N’aie pas peur, vieux Lodin ! dit-elle au bonhomme qui la suivait toujours d’un œil inquiet, il y en a trop pour t’ensevelir !

Cela la fit rire longtemps et péniblement. Elle s’appuyait au bahut pour ne point tomber.

Elle ouvrit le bahut pour prendre la mailloche et les clous.

Puis elle cloua la grande serpillière de façon à diviser la chambre en deux compartimens presque égaux.

Son lit était dans l’un, celui du bonhomme dans l’autre.

La porte d’entrée restait de notre côté.

Quand la serpillière fut tendue, Scholastique vint auprès du grabat de son père.

— Vous voyez bien ça, dit-elle, ce sera tant pis pour ceux qui chercheront à voir ou à savoir ce qui se passera de l’autre côté.

Le bonhomme s’agita sur son grabat ; le rouge lui vint aux joues.

— Ma Dais ! reprit-elle en riant, vous m’auriez battue autrefois, not’papa… c’est sûr, mais mes’huy vous ne pouvez point… restez en repos.

Elle alla mettre le miel et le poivre dans son cidre. Je dois dire que je ne devinais pas du tout ce qui allait se passer.

— Faut que jeunesse s’égaie ! grommela-t-elle en gagnant son lit en zig-zag ; d’ailleurs, il m’a promis mariage !

Le bonhomme y voyait plus clair que moi en