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Page:Féval - Madame Gil Blas (volumes 1 à 4) - 1856-57.djvu/36

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ce moment, car il essaya de se mettre sur son séant, et son visage, d’ordinaire immobile, exprimait une douloureuse indignation.

La Noué chantait de l’autre côté de la serpillière. Sa chanson lugubre, coupée par de longs intervalles de silence, arrivait comme une psalmodie de cimetière.

On frappa tout doucement à la porte. Elle dit d’une voix ferme :

— Entrez, mon compère !

Le battant s’ouvrit avec lenteur. La figure brutale et cauteleuse de M. Ducros se montra sur le seuil.

Il recula en voyant que la porte était en dehors de la serpillière. La serpillière était manifestement une idée à lui.

La preuve c’est qu’il grommela :

— À quoi cela sert-il ?

Ce fut seulement bien longtemps après que je compris la signification de cette scène. Mais elle me frappa d’autant plus qu’elle contenait pour moi une plus grande somme de mystère.

— Entrez ! répéta la Noué à haute voix ; — le bonhomme n’en peut plus et l’enfant ne sait pas !

Je crus que l’homme de loi allait se retirer.

On lui avait promis le mystère. La serpillière avait été achetée pour masquer au moins son entrée, et voilà que deux paires d’yeux étaient fixées sur lui.