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Page:Féval - Madame Gil Blas (volumes 1 à 4) - 1856-57.djvu/40

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au guet. J’entendais au loin la diligence, et deux fois chaque jour j’allais à sa rencontre. Plus je grandissais, plus les voyageurs devenaient aimables. Désormais, ce n’était plus seulement par mon parrain que je savais que j’étais jolie.

Les voyageurs me le disaient de reste, — et aussi le tesson de miroir de la Noué.

Il fut question de ma première communion. Ducros s’opposa de son mieux à ce que j’allasse à confesse, car il craignait mes révélations ; mais on compta sur ma frayeur, et, pour obtenir le fameux prix Montyon, il fallait bien quelques dehors.

Je dois dire ici que ce prix Montyon était une idée de l’homme de loi. La Noué, plus vicieuse que méchante, n’y songeait pas beaucoup. Cette femme était une espèce de bête brute qui satisfaisait ses instincts et ne voyait point au-delà. Ducros était un coquin capable de tout.

L’obstacle à ma première communion était le temps perdu au catéchisme. La Noué ne voulait pas que je quittasse mon travail, — et les bonnes gens de dire : Écoutez donc ! la brave femme a de lourdes charges ! Il faut bien que le pain vienne à la maison !

À la prière de Gustave, le jeune abbé Daudel consentit à venir deux fois par semaine me faire l’instruction à la loge : C’était bien un cœur d’or que ce pauvre jeune abbé, et c’était un saint. Mon âge n’empêchait point Ducros de faire