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Page:Féval - Madame Gil Blas (volumes 1 à 4) - 1856-57.djvu/41

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MADAME GIL BLAS

d’odieuses plaisanteries au sujet de ses visites à la loge.

C’était peine perdue : Je ne les comprenais pas. — Je m’indignais seulement quand il disait que Fabbé venait à la loge pour faire raccommoder ses bas et sa soutane.

À ma première confession, je dis tout, tout ce que je savais, tout ce qui se passait autour de moi. J’avais une trop grande idée de l’acte que j’accomplissais pour garder la moindre réticence. Je me souviens encore de la figure du pauvre abbé Daudel. Il avait la sueur au front et les traits bouleversés.

— Est-ce que j’ai fait de bien gros péchés ? demandai-je effrayée.

Il sourit tristement et secoua la tête.

— Pas vous, me répondit-il.

Puis il me demanda :

— Mon enfant, n’avez-vous pas d’autres protecteurs ?

— Hormis mon parrain… commençai-je.

Il m’interrompit pour dire :

— Gustave Lodin est un digne enfant, mais c’est un enfant… Et pourtant, ma fille, vous ne pouvez pas rester ici.

Un grognement se fit entendre du côté du grabat où le paralytique restait immobile depuis tantôt trois ans. Je crus que c’était pour protester ; mais nous le vîmes avec étonnement se soulever à demi et faire avec sa tête des signes d’énergique approbation.