Aller au contenu

Page:Féval - Madame Gil Blas (volumes 1 à 4) - 1856-57.djvu/42

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

L’abbé Daudel s’approcha de lui et lui donna sa croix à baiser. Il pleura comme le jour où sa fille lui avait apporté la serpillière. Ses lèvres remuèrent un peu par l’effort désespéré qu’il fit, mais il ne put pas parler.

Seulement, quand l’abbé Daudel dit qu’il allait tâcher de me faire entrer à la Visitation de Coutances, où l’on élève les jeunes filles orphelines, le pauvre bonhomme laissa tomber sa tête sur l’oreiller et ferma les yeux.

Il était content, il m’aimait bien.

L’abbé Daudel se retira et promit de revenir le lendemain avec son supérieur. On ne doutait pas que Scholastique, effrayée de cette lumière qui se faisait subitement dans son antre, ne me laissât partir sans difficulté.

Mais que de choses se passent du jour au lendemain ! Le lendemain, le bon abbé Daudel ne devait plus me retrouver à la loge. Ce fut cette nuit-là même que mon sort se décida.


IV

La paillasse de la Noué, — Comment finirent ses amours.

Depuis quelque temps, je dormais mal, parce que ma raison naissait, et avec elle je ne sais quel instinctif dégoût de tout ce qui m’entourait. La nuit précédente, un bruit singulier qui se fai