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Page:Féval - Madame Gil Blas (volumes 1 à 4) - 1856-57.djvu/43

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MADAME GIL BLAS

sait de l’autre côté de la serpillière m’avait tenue éveillée presque jusqu’au jour.

C’était comme un frôlement de paille continu et patient. La Noué ronflait terriblement selon son habitude, et pourtant ce bruit, plus rapproché d’elle que de moi, agissait sur elle, car on cessait parfois d’entendre ce râle sonore qui accompagnait toujours son sommeil. À ces instans où elle s’arrêtait de ronfler, le bruit de paille froissée se taisait également.

Mais il reprenait aussitôt que le silence avait rendu bruyant de nouveau le sommeil de Scholastique.

J’eus envie deux ou trois fois de me lever pour aller voir, mais on m’avait interdit sous de si rudes menaces le compartiment fermé par la serpillière, que je n’osai,

Je finis même par m’endormir avant que ce bruit mystérieux n’eût cessé.

Le jour fait évanouir tout ressentiment des terreurs nocturnes, surtout chez les enfans. Du moment où je m’éveillai jusqu’au soir, c’est à peine si j’eus un vague souvenir de cette paille remuée. La visite de l’abbé Daudel donna du reste un autre cours à mes petites méditations. Mais la brune vint, puis la nuit. J’avais défense d’allumer la chandelle avant le retour de Scholastique, et Scholastique ne rentrait point.

Ces ténèbres qui m’entouraient me remirent dans le courant d’idées où j’étais la nuit précé-