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Page:Féval - Madame Gil Blas (volumes 1 à 4) - 1856-57.djvu/48

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PAR PAUL FÉVAL

J’entendis le vieillard retomber sur son grabat comme une masse. La Noué ne criait plus.

Dès que je fus dehors, je me mis à courir de toutes mes forces et sans savoir où j’allais.


V

Départ de Saint-Lud — La procession noire. — Ce qu’il y avait dans ma tirelire.

Je m’éveillai le lendemain matin dans les champs, au pied d’une haie. J’étais tombée là sans doute épuisée. Je ne me souvenais de rien, hormis de ce qui s’était passé à la loge.

Je regardai tout autour de moi. Le hasard m’avait conduite à quelques centaines de pas de la maison du Theil. Je vis Gustave qui était en train d’ouvrir les portes. J’allai à lui. Le coup que m’avait porté la Noué au premier instant de son délire me laissait la figure ensanglantée. Gustave s’élança vers moi tout tremblant.

Cette fois, je ne lui cachai rien. Si mon récit ne fut pas des plus clairs, c’est que j’avais la tête à moitié perdue. Quand j’eus achevé, je lui dis :

— Je viens te dire adieu, mon parrain… L’abbé Daudel va me faire entrer à la Visitation de Coutances.

Gustave m’avait écoutée, immobile et muet. À ce mot d’adieu, je vis des larmes dans ses yeux.

— Tu souffrais comme cela, ma pauvre petite Suzanne, dit-il enfin, et moi, je ne le savais pas !