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Page:Féval - Madame Gil Blas (volumes 1 à 4) - 1856-57.djvu/49

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MADAME GIL BLAS

Il me tenait les deux mains. Nous étions dans la cour de la maison du Theil. Le bourrelier vint sur la porte et se mit à rire.

— Ne dirait-on pas deux amoureux ! s’écria-t-il. Allons, Guste ! ça n’avance pas l’ouvrage… à la besogne !

Gustave, au lieu de lui répondre, me dit :

— Tu souffrirais peut-être encore, et je ne le saurais pas davantage !

— Allons ! allons ! fit M. Guéruel avec un commencement de colère, obéit-on quand je parle ?

Gustave lâcha une de mes mains et garda l’autre pour me conduire jusqu’à lui.

— J’ai travaillé ma dernière journée ici, monsieur Guéruel, dit-il avec tristesse, mais d’un ton ferme.

— Comment ! Gustave ! s’écria le bourrelier ; est-ce que tu n’es pas content de moi ?

— Vous avez des défauts comme les autres, patron, répondit mon parrain ; mais vous avez été pour moi un bon maître et je ne me plains pas de vous.

— Alors, pourquoi veux-tu me quitter ?

— Pour faire mon tour de France, patron !… Mais entrons chez vous, j’ai à vous causer.

Il y avait du monde dans la cour… J’entendis qu’on disait :

— La Noué a l’air d’une diotel !… elle est à faire la veille auprès du bonhomme Lodin, qui a passé cette nuit.