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Page:Féval - Madame Gil Blas (volumes 1 à 4) - 1856-57.djvu/53

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MADAME GIL BLAS

de discussion là-dessus. Il serra brusquement la main du bourrelier, et m’emmena dans sa chambrette où nous fîmes son petit paquet. Après quoi, nous sortîmes par la porte de derrière.

Nous voilà sur la grand’route, après avoir traversé deux ou trois champs. Je n’étais pas Men sûre de ne point rêver. Nous allions du côté de Vire, lorsque tout-à-coup l’idée de mon trésor me revint.

— Pas par ici, mon parrain ! m’écriai-je ; — nous avons de l’argent là-haute de l’autre côté de la loge.

Il s’arrêta pour me regarder.

— De l’argent ! répéta-t-il.

— Dame !… tu m’as dit dans le temps qu’il fallait de l’argent pour nous marier.

Comme je voyais son visage se rembrunir, je me hâtai d’ajouter :

— C’est à moi, va ! je te fais juge !

Je lui racontai alors comment j’avais amassé mon pécule.

— N’est-ce pas que ça m’appartient ? demandai-je, étonnée de son silence.

Il avait les yeux braqués sur les cailloux du chemin.

— Oui, oui, c’est bien à toi, Suzanne, me répondit-il ; mais traverser de nouveau le village pour quelques sous !

— Mais il y a trois ans, m’écriai-je ; et j’ai agrandi le trou plus de vingt fois !