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Page:Féval - Madame Gil Blas (volumes 1 à 4) - 1856-57.djvu/55

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MADAME GIL BLAS

Moi, je dis aussi et de tout cœur :

— Que Dieu lui pardonne ! Si je pouvais lui faire du bien, je lui en ferais !


La descente des maquignons. — Le bon petit père Macé. — Premier souper d’auberge.

VI

Mon trésor fut donc cause qu’au lieu de nous diriger vers la Bretagne, nous allâmes du côté de Falaise. Je portais le petit paquet de Gustave au bout d’un bâton ; lui s’était chargé de la sacoche aux gros sous.

Dieu sait que je n’étais pas payée pour regretter la loge ; cependant j’avais le cœur bien gros. Cette funèbre cérémonie que nous venions de voir plaçait la début de notre voyage sous des auspices tristes. Gustave était taciturne. Nous marchâmes longtemps sans parler.

Quant à avoir une inquiétude quelconque sur les dangers ou le but de notre pèlerinage, je déclare que la pensée de craindre ne me vint même pas. J’étais sous la protection de Gustave. Gustave était pour moi supérieur à tous les périls.

La tristesse ne tient pas chez les enfans, et personne n’ignore l’effet souverain du voyage sur la mélancolie. Une fois passé le cabaret borgne où j’avais surpris le rendez-vous de la Noué avec Ducros, tout était nouveau pour moi. Au