Page:Féval - Rollan Pied-de-Fer (1842).pdf/6

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262 1 LA SYLPHIDE. Pitié cria Rollan; j'ai à remplir un sacré devoir. Dieu m'est témoin que je quitterais la vie sans regret; mais j'ai fail un serment. - Tu as eu tort, mon frère... dépèche, car j'ai sommeil. Rollan se mit à genoux. Au nom de ta mère, pitié! dit-il. Tu as donc bien peur ! demanda Corentin avec rudesse. Un éclair d'indignation alluma l'œil de Rollan; il s'élança sur son rival, l'étreignit, el, par un effort désespéré, le terrassa sur le bord même du précipice. Vois! dit-il en pressant du pied sa poitrine. Grace cria Corentin à son tour. Avant qu'il eût achevé, Rollan s'était remis à genoux près de lui. Corentin se relevu vivement et fit quelques pas en ari ière, craignant sans doute une nouvelle attaque. 1 Tu es le plus fort, dit-il de loin; si tu avais gagné, tu m'aurois contraint à faire le saut; moi, je ue puis le contraindre, mais je te tiens lårbe et menteur. Rollan semblait violemment combattu. - Ma vie est à toi, Corentin, dit-il enfin d'une voix résignée; lu me la demandes; je suis prét. Accorde-moi mon dernier veu, et je m'en irai dans l'autre monde sans te maudire. J'avais jure de servir de père à l'enfant qui est sous le toit d'Anne... 11 Il n'est donc pas ton fils! interrompit curieusement Corentin. - Il est... commença Rollan; mais il s'arrêta et poursuivit en lui-même : - Celui qui a tué le père épargnerait-il le fils? L'enfant sera obscur ; il vivra... Qu'il soit le lien! continua Roilan à voix haute, éludant ainsi sa question; quand Anne sera ta femme, aimez le pauvre Arthur. Ça peut se faire... Est-ce tout! C'est tout. Rollan s'avança d'un pas ferme, fit un signe de croix et s'élança; on l'entendit percer la voûte de broussailles, puis le gouffre rendit un sourd mugissement. Corentin s'agenouilla aussitôt et récita dévolement un de profundis. Quand il eut écorché le dernier verset, un rire épais et stupide souleva sa poitrine : - Allons! dit-il, il n'en reviendra que gentilhomme!.... Quant à l'enfant, je le porterai de- main aus orphelins de Rennes; il sera là comme un pelit saint... Ce diable de Rollan avait un grain de folie; c'est égal, c'était un fier lutteur! Cela dit, Corentin fit sonner la bourse dans sa poche, ramassa son bâton, et descendit gaiement la colline. La suite à la prochaine livraison. PAUL FETAL. Le beau succès obtenu par l'Enfant aux Colombes, d'ailleurs si parfaitement chanté par M. Roger au concert de La SYLPRIDE, nous a engagé à offrir à nos souscripteurs cette romance de Mlle Louisa Puget, charmante et délicieuse mélodie qu'a publiée en premier lieu le Menestrel, journal de musique depuis longtemps familiarisé avec le succès. Mlle Virginie Bourbier, cette grande comédienne dont Saint-Pétersbourg garde encore le souvenir, et à laquelle sans doute le Theatre-Français aurait ouvert ses portes si elle avait eu moins de talent, a donné lundi dernier une soirée ou plutôt une nuit dansante avec intermèdes lyriques dont l'académie royale et l'O- péra-Comique ont fait les frais. On y a entendu MM. Barroilhet, Ponchard, Roger, Mocker, Henri et une jeune cantatrice dont nous ignorons le nom. Plusieurs notabilités des ministères, du grand monde, de la littérature, des arts et du théâtre, se sont rencontrées dans les beaux salons de Mlle Virginie Bourbier, qui a fait les honneurs de sa soirée avec une amabilité sans égale et une grâce exquise. Le concert de M. Géraldy, qui a eu lieu mercredi dans la salle de M. Henri Herz, a offert une des réunions les plus brillantes de cet hiver. M. Géraldy était secondé par des artist es comme lui babitués au succès; c'étaient Mme Pauline Viardoi, MM. Dorus, Frane- homme et Ravina. M. Decourcelle tenait le piano. M. Henri Herz annonce pour mercredi 6 avril son second grand concert; les noms des principales sommités artistiques figurent déjà sur le programme. Source gallica bnf.fr/Bibliothèque nationale de France