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RÉCITS DE L’ONCLE PAUL

encore. Une demi-heure de ce travail suffit pour couper la ficelle et mettre la captive en liberté. Mais la troupe, seulement un peu éclaircie, resta jusqu’à la nuit, parlant toujours, d’une voix qui n’avait plus d’anxiété, comme se faisant mutuellement des félicitations et des récits. »

Encore celle-ci : « Un insolent moineau pénètre dans le nid d’une hirondelle, s’y trouve bien et veut définitivement s’y établir. Les propriétaires assaillent l’intrus ; mais le moineau, plus robuste de bec et protégé par les parois du nid, facilement repousse leurs attaques. Ah ! tu ne veux pas déguerpir ! Nous allons voir. L’une des deux hirondelles continue le blocus à l’étroite entrée du nid, l’autre va chercher du secours. Les voisins arrivent, jugent de la situation, délibèrent sur les moyens à prendre et reconnaissent qu’il leur est impossible de déloger par la force l’ennemi cantonné au fond du nid comme dans une forteresse. Un avis prévaut dans le conseil : si l’on ne peut lui prendre son nid, il faut au moins venger le propriétaire. Aussitôt décidé, aussitôt exécuté. Tandis que quelques braves postés à l’ouverture intimident le reclus par leurs cris, les hirondelles apportent leur mortier habituel, la terre détrempée de salive, et, petit à petit, ferment l’entrée du nid. »

Jules. — Qui fut sot ?

Paul. — Ce fut le moineau, claquemuré dans l’étroite prison. Il y périt.

Émile. — Attrape, voleur de nids !

Paul. — L’hirondelle de cheminée ou hirondelle domestique a le front, la gorge et les sourcils d’un roux marron, le dessus du corps noir avec des reflets violacés, le dessous blanc. On l’appelle hirondelle domestique, parce qu’elle recherche le voisinage de l’homme et niche jusque dans l’intérieur de nos habitations, de celles surtout où il y a peu de mouvement et de bruit. Les appartements abandonnés et toujours ouverts, les hangars et les remises, les avant-toits, le dessous des balcons, l’intérieur des cheminées élevées, sont ses emplacements préférés. Le nid est construit avec de la terre glaise gâchée, mélangée de paille et de foin, et garni intérieurement d’herbes sèches et de plumes. Sa forme est celle d’une demi-coupe pleinement ouverte en dessus. Les œufs sont au nombre de cinq. Ils sont blancs et tiquetés de petites taches brunes et violettes.