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SUR LES ANIMAUX UTILES À L’AGRICULTURE

L’hirondelle de cheminée est la plus intéressante de la tribu. Elle est le gai compagnon du laboureur, l’hôtesse de la grange, tandis que l’hirondelle de fenêtre préfère les villes et les corniches des monuments. Son gazouillement est une douce chansonnette que le père, placé sur le bord du nid, répète à tout instant à la couveuse pour charmer les longues heures de l’incubation. On la trouve dans tous les pays du monde. Elle nous arrive de ses lointains voyages vers le 1er avril, une douzaine de jours avant l’hirondelle de fenêtre, un mois avant le martinet.

L’hirondelle de rivage est la plus petite et la moins répandue des trois. Elle a tout le dessus, les joues et une large bande sur la poitrine, d’un gris de souris ; la gorge et le ventre sont d’un blanc pur. Avec le bec et les griffes, bien faibles outils pour un aussi rude travail, si l’énergie d’un bon vouloir ne suppléait à la force, elle se creuse, dans les terrains sablonneux coupés à pic au bord des eaux, ou bien dans les carrières et les falaises escarpées, un trou de mine étranglé à l’entrée, sinueux dans son trajet et profond de près de deux pieds. La partie la plus reculée du souterrain s’élargit et reçoit une abondante couchette de paille, d’herbes sèches et de plumes entassées sans aucun art. Là reposent cinq ou six œufs blancs un peu transparents. L’hirondelle de rivage ne se pose jamais que sur les rochers, où elle s’accroche aisément avec ses ongles longs et pointus. Elle se tient de préférence au bord des eaux, qu’elle explore d’un vol rapide, allant et revenant sur les mêmes traces pour happer les moucherons qu’attire la fraîcheur.

Jules. — Les hirondelles, dit-on, font de longs voyages.

Paul. — Oui, toutes nos hirondelles, chaque année, changent de pays : non par humeur vagabonde, mais par nécessité. Bien d’autres oiseaux, principalement ceux qui se nourrissent d’insectes, sont dans le même cas. Les hirondelles, comme les chauves-souris, ont pour nourriture exclusive les insectes qui voltigent dans les airs. Quand viennent les froids, ces insectes manquent totalement. Que fait alors la chauve-souris pour se préserver de la mort par famine ?

Émile. — Elle s’endort.

Paul. — Elle ralentit, aux dernières limites du possible, le tirage du calorifère vital, de ce calorifère naturel, vous savez, qui produit en nous chaleur, mouvement et animation