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SUR LES ANIMAUX UTILES À L’AGRICULTURE

leries sont des chemins de chasse ; l’animal les pratique pour rechercher entre les racines les larves dont il se nourrit. Si l’endroit est giboyeux, la taupe y fait halte, sondant de droite et de gauche les points où le flair lui annonce une proie ; si le canton est pauvre, elle prolonge sa galerie ou bien en creuse de nouvelles, d’ici, de là, dans toutes les directions, jusqu’à ce qu’elle ait trouvé un emplacement à sa convenance. Mais, si riche qu’il soit en larves, un même filon est bientôt épuisé ; les vieilles fouilles sont donc abandonnées, et d’autres de jour en jour entreprises.

À proximité de son terrain de chasse, sillonné de galeries Nid de la taupe.
Nid de la taupe.
fraîches à mesure que besoin en est, la taupe possède un terrier, un domicile fixe, où elle se retire pour se reposer, dormir, élever sa famille. Ce gîte est une œuvre d’art, un château fort dans la construction duquel la bête méfiante déploie, pour sa sécurité, un talent d’architecte consommé en mesures de prévoyance. Il ne faut pas la confondre avec les taupinées, simples déblais négligemment refoulés au dehors ; jamais la taupe ne séjourne sous ces amas sans consistance.

Sa demeure est tout autre édifice. Elle est sous terre, à une profondeur de près d’un mètre, d’habitude sous une haie, au pied d’un mur ou bien entre les fortes racines d’un arbre. Cet abri naturel lui donne plus de solidité et la protège contre les éboulements. Sa pièce principale est un réduit C en forme de