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n’a certes pas la possibilité de relever de l’œil la carte géographique du parcours ; mais il n’est au pouvoir de personne de l’empêcher de sentir, aux chaudes impressions de l’atmosphère, qu’il suit la route du midi. Rendu à la liberté à Toulouse, il sait déjà que la direction à suivre pour regagner son colombier est la direction du nord. Donc, il pique droit dans cette direction, et ne s’arrête que vers les parages du ciel dont la température moyenne est celle de la zone qu’il habite. S’il ne trouve pas d’emblée son domicile, c’est qu’il a trop appuyé sur la droite ou sur la gauche. En tous les cas, il n’a besoin que de quelques heures de recherche dans la direction de l’est à l’ouest pour relever ses erreurs. »

L’explication est séduisante lorsque le déplacement se fait dans la direction nord-sud ; mais elle ne peut convenir au déplacement est-ouest, sur la même isotherme. D’ailleurs, elle a le défaut de ne pouvoir se généraliser. Il ne faut pas songer à faire intervenir la vue et encore moins l’influence du climat changé, quand un chat revient au logis, d’un bout à l’autre d’une ville, et se dirige dans un dédale de rues et de ruelles qu’il voit pour la première fois. Ce n’est pas la vue non plus qui guide mes chalicodomes, surtout lorsqu’ils sont lâchés en plein bois. Leur vol peu élevé, deux ou trois mètres au-dessus du sol, ne leur permet pas de prendre un coup d’œil général de l’ensemble et de relever la carte des lieux. Qu’ont-ils besoin de topographie ? L’hésitation est courte : après quelques crochets de peu d’étendue autour de l’expérimentateur, ils partent dans la direction du nid, malgré le rideau de la forêt, malgré l’écran d’une haute chaîne de col-