Page:Fabre - Souvenirs entomologiques, deuxième série, 1894.pdf/193

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

désordre nerveux que la musique soulage ; rien ne dit qu’une transpiration abondante, suite d’une danse fort agitée, ne soit apte à diminuer le malaise en diminuant la cause du mal. Loin de rire, je réfléchis et m’informe lorsque le paysan calabrais me parle de sa Tarentule, le moissonneur de Pujaud de son Théridion lugubre, le laboureur corse de sa Malmignatte. Ces aranéides et quelques autres pourraient bien mériter, du moins en partie, leur terrible réputation.

La plus robuste des Araignées de ma contrée, la Tarentule à ventre noir, va nous donner tantôt, sur ce sujet, matière à réflexion. Je n’ai point à traiter un point médical, je m’occupe avant tout de l’instinct ; mais comme les crochets à venin ont un rôle de premier ordre dans les manœuvres de guerre du chasseur, accessoirement je parlerai de leurs effets. Les mœurs de la Tarentule, ses embuscades, ses ruses, ses méthodes pour tuer la proie, voilà mon sujet. Je lui donnerai pour préambule un récit de L. Dufour, un de ces récits qui faisaient autrefois mes délices et n’ont pas peu contribué à mes liaisons avec l’insecte. Le savant des Landes nous parle de la Tarentule ordinaire, de celle des Calabres, observée par lui en Espagne :

« La Lycose tarentule habite de préférence les lieux découverts, secs, arides, incultes, exposés au soleil. Elle se tient ordinairement, au moins quand elle est adulte, dans des conduits souterrains, dans de véritables clapiers, qu’elle se creuse elle-même. Ces clapiers, cylindriques et souvent d’un pouce de diamètre, s’enfoncent jusqu’à plus d’un pied dans la profondeur du sol ; mais ils ne sont pas perpendiculaires. L’habitant de ce boyau prouve qu’il est en même temps chasseur