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l’harmas. Je vois encore l’intrépide braconnier tirant par la patte, au pied d’un mur, la monstrueuse capture qu’il venait de faire non loin de là sans doute. Dans le mur, à la base, un trou se présente, interstice accidentel entre quelques pierres. L’hyménoptère visite l’antre, mais non pour la première fois : il l’avait déjà reconnu et le logis lui avait agréé. La proie, immobilisée, attendait quelque part, je ne sais où, et le chasseur a été la reprendre pour l’emmagasiner. C’est à ce moment que je fais sa rencontre. Le Pompile donne un dernier coup d’œil à la grotte, il en extrait quelques petits fragments de mortier détaché, et là se bornent les préparatifs. La Lycose est introduite, traînant sur le dos et tirée par la patte. Je laisse faire. Bientôt l’hyménoptère reparaît, et pousse négligemment devant le trou les lopins de mortier qu’il vient d’extraire, puis il s’envole. C’est fini. La ponte est faite, l’insecte a clos vaille que vaille, et je peux procéder à l’examen du clapier et de son contenu.

Aucun travail d’excavation de la part du Pompile. C’est bien un trou accidentel, aux spacieuses anfractuosités, œuvre de la négligence du maçon et non de l’hyménoptère. La clôture est tout aussi sommaire. Quelques miettes de mortier, amassées devant la porte, forment barricade plutôt que fermeture. Violent chasseur, pauvre architecte. Le meurtrier de la Tarentule ne sait pas fouir un logis pour sa larve, il ne sait pas combler l’entrée en y balayant de la poussière. Le premier trou venu au pied d’un mur lui suffit pourvu qu’il soit assez spacieux ; un petit amas de gravats, c’est assez comme porte. Rien de plus expéditif.

Je retire le gibier du réduit, l’œuf est collé sur