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le moment de l’observation sera venu. Enfin les tubes ainsi préparés, soit avec l’Osmie, soit avec d’autres habitants de la ronce, sont suspendus suivant la verticale et l’orifice en haut, dans un recoin de mon cabinet. Chacun de ces appareils réalise assez bien les conditions naturelles : les cocons d’un même bout de ronce y sont empilés dans le même ordre qu’ils avaient dans la galerie natale, le plus vieux au fond du tube, le plus jeune à proximité de l’orifice ; ils sont isolés par des cloisons ; ils sont dirigés suivant la verticale, la tête en haut ; de plus, mon artifice a l’avantage de substituer, à la paroi opaque de la ronce, une paroi transparente, qui me permettra de suivre l’éclosion jour par jour, à tout instant jugé opportun.

C’est en fin juin pour les mâles et au commencement de juillet pour les femelles, que l’Osmie déchire son cocon. Cette époque venue, on doit redoubler la surveillance et répéter l’examen des tubes plusieurs fois dans la même journée si l’on tient à dresser un exact état civil des naissances. Or, depuis six années que cette question me préoccupe, j’ai vu, j’ai revu à satiété, et suis en mesure d’affirmer qu’aucun ordre, absolument aucun, ne préside à la série des éclosions. Le premier cocon rompu peut être celui du fond du tube, celui du bout opposé, celui du milieu, ou de toute autre région indifféremment. Le deuxième lacéré tantôt avoisine le premier, tantôt en est éloigné de plusieurs rangs soit en avant, soit en arrière. Parfois plusieurs éclosions se font dans la même journée, dans la même heure, les unes plus reculées dans la série des loges, les autres plus avancées, et sans motifs apparents de cette simultanéité. Bref, les éclosions se