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vivrait lui-même aux dépens de la larve de l’Anthophore ou de ses provisions ? Et comment encore ce ou ces parasites trouvent-ils accès dans une cellule qui paraît inviolable, à cause de la profondeur où elle se trouve, et qui d’ailleurs ne trahit à l’étude scrupuleuse de la loupe aucune violente irruption de l’ennemi ? Telles sont les questions qui se sont présentées à mon esprit lorsque, pour la première fois, en 1855, j’ai été témoin des faits que je viens de raconter. Trois ans d’observations assidues me mirent en mesure d’ajouter à l’histoire des morphoses des insectes un de ses plus étonnants chapitres.




Ayant recueilli un assez grand nombre de ces coques problématiques qui contenaient des Sitaris adultes, j’eus la satisfaction d’observer à loisir l’issue de l’insecte parfait hors de la coque, l’accouplement et la ponte. La rupture de la coque est facile : quelques coups de mandibules distribués au hasard et quelques ruades des pattes suffisent pour mettre l’insecte parfait hors de sa fragile prison.

Dans les flacons où je tenais mes Sitaris, j’ai vu l’accouplement suivre de très près les premiers instants de liberté. J’ai pu même être témoin d’un fait qui témoigne hautement combien est impérieuse, pour l’insecte parfait, la nécessité de se livrer, sans retard, à l’acte qui doit assurer la conservation de sa race. Une femelle, la tête déjà hors de la coque, se démène avec anxiété pour achever de se libérer ; un mâle, libre depuis une paire d’heures, monte sur cette coque, et tiraillant d’ici, de-là, avec les mandibules, la fragile enveloppe,