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s’efforce de débarrasser la femelle de ses entraves. Ses efforts sont bientôt couronnés de succès ; une rupture se déclare en arrière de la coque, et, bien que la femelle soit encore aux trois quarts ensevelie dans ses langes, l’accouplement a lieu immédiatement, pour durer une minute à peu près. Pendant cet acte, le mâle se tient immobile sur le dos de la coque, ou bien sur le dos de la femelle lorsque celle-ci est entièrement libre. J’ignore si, dans les circonstances ordinaires, le mâle aide ainsi parfois la femelle à se mettre en liberté ; à cet effet, il lui faudrait pénétrer dans une cellule renfermant une femelle, ce qui lui est, après tout, possible, puisqu’il a su s’échapper de la sienne. Toutefois, sur les lieux mêmes, l’accouplement s’opère en général à l’entrée des galeries des Anthophores ; et alors, ni l’un ni l’autre des deux sexes ne traîne après lui le moindre lambeau de la coque d’où il est sorti.

Après l’accouplement, les deux Sitaris se mettent à se lustrer les pattes et les antennes en les passant entre les mandibules ; puis chacun s’éloigne de son côté. Le mâle va se tapir dans un pli du talus de terre, y languit deux ou trois jours et périt. La femelle, elle aussi, après la ponte qui s’opère sans aucun retard, meurt à l’entrée du couloir où elle a déposé ses œufs. Telle est l’origine de tous ces cadavres appendus aux toiles d’araignée qui tapissent le voisinage des demeures de l’Anthophore.

Les Sitaris ne vivent donc à l’état parfait que le temps nécessaire pour s’accoupler et pondre. Je n’en ai jamais vu un seul autre part que sur le théâtre de leurs amours et en même temps de leur mort ; je n’en ai jamais surpris un seul pâturant sur les plantes voi-