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sines, de sorte que, bien qu’ils soient pourvus d’un appareil digestif normal, j’ai de graves raisons de douter s’ils prennent réellement la moindre nourriture. Quelle existence est la leur ! Quinze jours de bombance dans un magasin à miel, un an de sommeil sous terre, une minute d’amour au soleil, puis la mort !

Une fois fécondée, la femelle, inquiète, se met aussitôt à la recherche d’un lieu favorable pour y déposer les œufs. Il importait de constater en quel lieu précis s’effectue la ponte. La femelle va-t-elle de cellule en cellule, confier un œuf aux flancs succulents de chaque larve, soit de l’Anthophore, soit d’un parasite de cette dernière, comme porte à le croire la coque énigmatique d’où sort le Sitaris ? Ce mode de dépôt des œufs, un à un dans chaque cellule, paraît être de toute nécessité pour expliquer les faits déjà connus. Mais alors, pourquoi les cellules usurpées par les Sitaris ne gardent-elles pas la plus légère trace de l’effraction indispensable ? Et comment peut-il se faire que, malgré de longues recherches où ma persévérance a été soutenue par le plus vif désir de jeter quelque jour sur tous ces mystères, comment, dis-je, peut-il se faire qu’il ne me soit pas tombé sous la main un seul des parasites présumés auxquels la coque pourrait être rapportée, puisque cette dernière paraît être étrangère à un coléoptère ? Le lecteur difficilement soupçonnerait combien mes faibles connaissances en entomologie furent bouleversées par cet inextricable dédale de faits contradictoires. Mais, patience ! le jour se fera peut-être.

Constatons d’abord en quel lieu précis les œufs sont déposés. Une femelle vient d’être fécondée sous mes yeux ; elle est aussitôt séquestrée dans un large flacon