Page:Fabre - Souvenirs entomologiques, deuxième série, 1894.pdf/284

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

où j’introduis en même temps des mottes de terre renfermant des cellules d’Anthophore. Ces cellules sont occupées en partie par des larves et en partie par des nymphes encore toutes blanches ; quelques-unes d’entre elles sont légèrement ouvertes et laissent entrevoir leur contenu. Enfin je pratique à la face intérieure du bouchon de liège qui ferme le flacon un conduit cylindrique, un cul-de-sac, du diamètre des couloirs de l’Anthophore. Pour que l’insecte, s’il le désire, puisse pénétrer dans ce couloir artificiel, le flacon est couché horizontalement.

La femelle, traînant avec peine son volumineux abdomen, parcourt tous les coins et recoins de son logis improvisé, et les explore avec ses palpes, qu’elle promène partout. Après une demi-heure de tâtonnements et de recherches soigneuses, elle finit par choisir la galerie horizontale creusée dans le bouchon. Elle enfonce l’abdomen dans cette cavité, et, la tête pendante au dehors, elle commence sa ponte. Ce n’est que trente-six heures après que l’opération a été terminée, et pendant cet incroyable laps de temps, le patient animal s’est tenu dans une immobilité des plus complètes.

Les œufs sont blancs, en forme d’ovale, et très petits. Leur longueur atteint à peine les deux tiers d’un millimètre. Ils sont faiblement agglutinés entre eux et amoncelés en un tas informe qu’on pourrait comparer à une forte pincée de semences non mûres de quelque orchidée. Quant à leur nombre, j’avouerai qu’il a infructueusement fatigué ma patience. Je ne crois pas cependant l’exagérer en l’évaluant au moins à deux milliers. Voici sur quelles données je base ce chiffre. La