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espèce de guillochis. Il est formé par de gros filets grainés, tortueux, qui ne se touchent pas partout. Les vides qu’ils laissent entre eux le font paraître construit avec art ; cependant il n’est qu’une sorte d’échafaudage au moyen duquel les manœuvres de la mère sont plus promptes et plus sûres.

« Quoique je connusse les deux dents de ces insectes pour de fort bons instruments, capables d’entamer des corps très durs, l’ouvrage qu’elles avaient à faire me paraissait un peu rude pour elles. Le sable contre lequel elles avaient à agir, ne le cédait guère en dureté à la pierre commune ; du moins les ongles attaquaient avec peu de succès sa couche extérieure, plus desséchée que le reste par les rayons du soleil. Mais étant parvenu à observer ces ouvrières au moment où elles commençaient à percer un trou, elles m’apprirent qu’elles n’avaient pas besoin de mettre leurs dents à une aussi forte épreuve.

« Je vis que la Guêpe commence par ramollir le sable qu’elle veut enlever. Sa bouche verse dessus une ou deux gouttes d’eau qui sont bues promptement par le sable : dans l’instant, il devient une pâte molle que les dents ratissent et détachent sans peine. Les deux jambes de la première paire se présentent aussitôt pour le réunir en une petite pelote, grosse environ comme un grain de groseille. C’est avec cette première pelote détachée que la Guêpe jette les fondements du tuyau que nous avons décrit. Elle porte sa pelote de mortier sur le bord du trou qu’elle vient de faire en l’enlevant ; ses dents et ses pattes la contournent, l’aplatissent et lui font prendre plus de hauteur qu’elle n’en avait. Cela fait, la Guêpe se remet à détacher du