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ACTE TROISIÈME


Scène I

ÉLIANTE, PHILINTE.
PHILINTE.

Madame, comme vous, avec facilité,
Mon cœur sait exercer des actes de bonté.
Mais, pour des étrangers alors qu’on s’intéresse,
N’allons pas, s’il vous plaît, jusques à la faiblesse.

ÉLIANTE.

Appelez-vous ainsi ce zèle attendrissant,
Cette noble chaleur d’un cœur compatissant ?
Alceste m’a touchée ; et ses récits encore
M’offrent un vrai malheur, monsieur, que je déplore.
Je tremble du danger que court un inconnu,
Comme si le pareil nous était survenu.
J’en suis vraiment émue. Oui, je sens…

PHILINTE.

J’en suis vraiment émue. Oui, je sens…Eh ! madame,
Il faut si peu de chose à l’esprit d’une femme
Pour l’exalter d’abord, et montrer à ses sens,
Jusque dans le péril, des plaisirs ravissants !
Mais comme un rien l’anime, un rien la décourage.
Il faut sur cet objet réfléchir davantage ;
Et sans doute, changeant et d’avis et de loi,
Vous seriez la première à penser comme moi.

ÉLIANTE.

Dans vos opinions, distinguez, je vous prie,
Le sentiment, monsieur, de la bizarrerie ;
Vous me surprenez fort, en confondant ainsi
L’âme sensible et bonne, et le cœur rétréci.
On doit peu s’y tromper, cependant : et je trouve
Un intérêt si vif dans l’effet que j’éprouve ;
Dans mes sentiments vrais et bien appréciés,
Je changerai si peu, quoi que vous en disiez,