Page:Fabre d’Églantine - Le Philinte de Molière, 1878.djvu/43

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Qu’avec nouvelle instance, ici, je vous conjure
De satisfaire Alceste.

PHILINTE.

De satisfaire Alceste.Oh, non ! je vous le jure.

ÉLIANTE.

Allez trouver mon oncle.

PHILINTE.

Allez trouver mon oncle.Impossible.

ÉLIANTE.

Allez trouver mon oncle.Impossible.Du moins,
Laissez à mes plaisirs l’embarras de ces soins.

PHILINTE.

Non, non, madame, non. D’une affaire suspecte,
En aucune façon, détournée ou directe,
De grâce, obligez-moi de ne pas vous mêler.

ÉLIANTE.

Il suffirait d’un mot.

PHILINTE.

Il suffirait d’un mot.C’est toujours trop parler,
Quand ce mot gratuit ne nous est pas utile.

ÉLIANTE.

Quoi ! faut-il… ?

PHILINTE.

Quoi ! faut-il… ? Je le vois, votre esprit indocile
Feint de ne pas sentir ma solide raison,
Et l’intérêt commun de toute ma maison.
Cette feinte est sans doute une nouvelle adresse
Pour me contrarier et vous rendre maîtresse.
Eh bien, madame, eh bien ! puisqu’il faut m’expliquer,
Sachez donc que tout homme est funeste à choquer,
Et le fourbe intrigant encore plus qu’un autre.
De quoi nous mêlons-nous ? Est-elle donc la nôtre,
Cette piteuse affaire où, par cent ennemis,
Je verrais mon repos peut-être compromis ?
Du dangereux faussaire et de sa vile agence,
Ne puis-je pas enfin exciter la vengeance ?
Je le dis à regret, mais, malgré ses penchants,
Si l’on blesse les bons, épargnons les méchants :
Leur courroux clandestin dure toute la vie.