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POUR QU’ON LISE PLATON

Mais voici les distinctions et les discriminations, à quoi l’on pouvait s’attendre. On me dit : « Par les plus forts il ne faut pas entendre ceux qui ont à leur disposition le plus de force brutale ; il faut entendre les plus distingués, les plus savants, les plus compétents, les plus courageux, ceux enfin que la langue a qualifiés d’un seul nom et du nom qui leur convient : les meilleurs. »

Fort bien. L’excellence est en effet une force. Mais de quelle excellence me parlera-t-on bien ? Car il y en a de plusieurs sortes et d’une infinité de sortes. Il y a l’excellence de l’artiste. Un sculpteur ou un peintre est excellent, est aristos par comparaison à un foulon, à un cordonnier et encore plus à quelqu’un qui ne fait rien du tout. Lui confiera-t-on pour cela l’administration de la république ? Le bon sens répond que non. Mais, s’il vous plaît, cette concession est importante. C’est donc à une excellence particulière qu’il faut se ramener et qu’il faut s’adresser ? C’est donc d’une excellence particulière qu’il faut faire état pour savoir à qui l’on confiera les destinées publiques.

Mais de laquelle ? De celle de l’athlète, du musicien, du poète ou de l’orateur ? De l’orateur plutôt, me répondez-vous. Pourquoi ? L’orateur est-il autre chose qu’un artiste littéraire, qu’un artiste