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POUR QU’ON LISE PLATON

sidèrent comme des frères et comme les membres d’une famille aussi étroitement unie que possible. Il faut que chacun d’eux « croie voir dans les autres un frère ou une sœur, un fils ou une fille, ou quelque parent dans le degré ascendant ou descendant », et pour qu’ils ne se traitent pas ainsi de bouche seulement, et pour que leurs actions répondent à leurs paroles, et pour que leurs paroles ne soient que l’expression même de leurs actes, et « pour qu’ils aient à l’égard de ceux à qui ils donnent le nom de père tout le respect, toutes les attentions, toute la soumission que la loi prescrit aux enfants envers leurs parents », il faut que réellement tous puissent et doivent se considérer comme les membres d’une seule et même famille[1].

  1. C’est une question de savoir si Platon a entendu la communauté des biens, des femmes et des enfants de tous les citoyens ou seulement de la caste des guerriers. Quelques-uns ont cru qu’il l’entendait de tous les citoyens. Et il faut reconnaître que quelques textes les ont presque autorisés à en juger ainsi. Platon dit, au livre V de la République : Le plus grand bien de l’Etat, n’est-ce pas ce qui en lie toutes les parties et le rend un ? Or, quoi de plus propre à former cette union que la communauté des plaisirs et des peines entre tous les citoyens, lorsque tous se réjouissent des mêmes bonheurs et s’affligent des mêmes malheurs ?… Supposez-les tous également touchés des mêmes choses, l’Etat jouira d’une parfaite harmonie parce que tous ses membres ne feront plus, pour ainsi parler, qu’un seul homme. » — Et, au début du livre VIII de ce même ouvrage, il écrit : « C’est donc une chose bien reconnue entre nous que dans un