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la danse macabre


Filles damnées mêlées aux vierges impollues,
Les courtisanes, les épouses, les amantes,
Et l’armée, innombrable armée des inconnues.
Voilà Sémiramis et la jeune Heaulmière,
Imogène, Manon, Rhcdope, Briséis,
Eurydice et Chloé, la belle Ferronière
Et la jolie Cordière, Aspasie et Laïs,
Andromède, Angélique, Ariane, Atalante,
Peau d’âne, Desdémone, Arthémise, Arria,
La belle Aude aux bras blancs, Clorinde, Bradamante,
Hélène aux belles joues, et Rachel et Lia ;
Et tant d’autres hélas, hétaïres ou reines :
On les veux voir encore, hélas il n’est plus temps ;
Quoi, dejà disparues, ô Vierge souveraine,
Où sont-elles, mais où sont les neiges d’antan ?

Don Juan saisi d’une morne rêverie
Les contemple se dévoiler, mélancolique ;
— Ah, les seins, c’est toute la femme !

Arlequin rit.
Et chante sur un air de valse parodique :
— « L’homme a toujours besoin de caresse et d’amour,
« Sa mère l’en abreuve alors qu’il vient au jour,
« Et ce bras le premier l’engourdit, le balance
« Et lui donne un désir d’amour et d’indolence.
« Troublé dans l’action, troublé dans le dessein,
« Il rêvera toujours à la chaleur du sein. »

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