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la danse macabre


Don Juan s’emporte vers une et la capture :
Eritis, eritis, glapit le Juif Errant !
— Tourne, tourne, braillent les spectres en mesure !
Don Juan dénude la gorge éperduement,
Puis regardant, avec dégoût il se détourne
Et la repousse en s’écriant : — Je la connais :
Une autre !
Et les spectres, en huée : — Tourne, tourne !
Et le Juif Errant fait bondir son noir archet
En glapissant toujours : — Eritis ! eritis !

Les croque-morts s’emparent de la femme nue ;
Elle rit, d’une main preste ils l’ensevelissent,
La passent aux zélés fossoyeurs qui saluent :
 — En voilà une,
 La jolie une,
 Une s’en va, hardi là !
 Deux revient, ça va bien !
Don Juan se ruant vers une autre danseuse
L’enlace, la dévoile et la rejette au loin,
Et sans fin se répand le fleuve d’amoureuses,
Et les spectres autour vocifèrent sans fin :
 — Bonheur ! amour ! folie !
 Désir, transe, plaisir !
 Un vertige est la vie.
 Tournons jusqu’à mourir !

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