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6o CHRONOLOGIE.

des principaux membres du clergé de Rome , acquirent tant d’autorité , qu’après sa mort, ils firent seuls l’élection du pape Célestin II en 1143. Depuis ce tems-là , ils se sont toujours maintenus dans la possession de ce droit ; le sénat, le peuple et le reste du clergé ayant enfin cessé d’y prendre part , Honorius JII, en 1216, ou, selon d’autres , Grégoire X, en 1274 , ordonna que l’élection se fît dans un conclave. Le pape peut être considéré sous quatre sortes de titres : 10. comme chef de l’Eglise j ao. comme patriarche ; 3o. comme évêque de Rome 5 40. comme prince temporel. Sa primauté lui donne droit de veiller sur toutes les églises particulières. Ses droits de patriarche ne s’étendoient autrefois que sur les f)rovinces suburbicaires, c’est-à-dire , sur une partie de l’Itaie , la même qui , pour le civil , dépendoit du préfet de la ville de Rome : on a voulu depuis les étendre sur tout l’Occident. Comme évêque de Rome , il exerce dans le diocèse de Rome les fonctions d’ordinaire , qu’il n’a point droit d’exercer dans les autres diocèses. Enfin comme prince temporel, il est souverain de Rome et des états qui lui sont acquis par do-t nation ou par prescription.

Aucun trône sur la terre n’a peut-être été rempli avec plus de supériorité de génie , que la chaire pontificale. Les papes sont presque toujours des vieillards respectables , blanchis dans la connoissance des hommes et des affaires , et n’éprouvant plus cette ardeur de jeunesse qui fait faire tant de fausses démarches. Leur conseil est composé de ministres qui leur ressemblent : ce sont ordinairement des Cardinaux, animés du même esprit que les papes , et qui sont comme eux sans passions qui les aveuglent. De ce conseil émanent des ordi’es qui embrassent l’univers. La foi est annoncée sous leurs auspices, depuis la Chine jusqu’à l’Amérique , et il faut avouer que le zèle pour la foi et la propagation de l’évangile n’existe dans aucun siège épiscopalau même degré que dans celui de Rome , que l’église de Rome est aujourd’hui , comme elle a toujours été , non-seulement dans le droit , mais dans le fait , la mère et la reine de toutes les églises. « Jlome chrétienne, dit un » voyageur philosophe , ne doit rien à la politique : si elle a » étendu sa puissance dans les régions enveloppées des plus n épaisses ténèbres ; si elle a soumis à ses loix des peuples » qui échappèrent aux armes , et ne reconnurent jamais l’Empire des plus célèbres conquérans ; si des hordes sauvages » qui n’ont jamais prononcé les noms d’Alexandre et de César , ont écouté la voix de ses pontifes avec respect, et en » ont reçu les instructions comme des oracles j si dévouée à