Page:Feydeau Occupe toi d Amelie.djvu/153

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ça lui apprendra à me réveiller… (Il retourne son oreiller.) quand elle voit que je dors !… (Il baille.) Ah ! que je suis fatigué !… (Après réflexion.) Tout de même, il est midi !… Et midi, c’est une heure !… (Comme se répondant à lui-même.) Non, c’est pas une heure ; c’est midi !… Ah ! Je ne sais plus ce que je dis !… Je dors à moitié ! Et dire… (Il baille.) Et dire que si Paris était aux antipodes, il serait seulement minuit !… Je pourrais dormir encore sept heures, et je passerais pour un homme matinal !… Quel est l’idiot contrariant qui a fichu Paris de ce côté-ci du globe ?… (Sortant ses jambes du lit.) C’est égal ! y a pas, il faut que je me lève !… (Il descend du lit ; il est en chemine de nuit et pieds nus.) Mes chaussettes ! Qu’est-ce que j’ai fait de mes chaussettes ?… Ah ! les voilà ! (Tout en passant ses chaussettes puis ses pantoufles, tout cela sans s’asseoir ; adossé seulement contre le pied du lit.) Midi et demi !… J’ai un rendez-vous à onze heures !… Si je veux y être… ! Je sais bien que c’est avec un créancier !… et, un créancier, ça peut attendre !… Il attend depuis six mois, il attendra bien une heure de plus… D’autant que je compte ne rien lui donner !… alors !… il le saura bien assez tôt !… (Avec effort.) Allons, du courage ! (Tout en parlant, il s’est dirigé vers la fenêtre aux rideaux de laquelle il passe les embrasses — pleine lumière au dehors — projection de soleil sur le lit.) Oh ! Comme il fait déjà jour !… à midi et demi !… (Repassant de-