Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 3.djvu/112

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et sa bravoure connue le mettoit à l’abri d’une insulte de la part des hommes. Sans cela, ceux-ci, je pense, en auroient bientôt fait justice ; car il n’avoit aucun titre réel pour être préféré à la petite noblesse d’Angleterre qui le voyoit d’assez mauvais œil, et ne lui épargnoit pas les sarcasmes en son absence, sans doute par jalousie de ses succès auprès de notre sexe.

« Quoique ma tante ne fût point une femme de qualité, comme elle avoit toujours vécu à la cour, elle voyoit la société la plus distinguée de Bath. Par quelque voie qu’on arrive dans le grand monde, dès qu’on a su s’en ouvrir l’entrée, c’est un mérite d’y paroître établi, et un mérite qui semble tenir lieu de tout autre. Vous avez pu en juger, malgré votre jeunesse, par la conduite de ma tante. Elle étoit froide ou prévenante avec les gens, suivant qu’ils avoient plus ou moins de cette sorte de mérite.

« Ce fut là principalement ce qui valut ses bonnes graces à M. Fitz-Patrick. Il mit une adresse merveilleuse à les capter. Elle ne faisoit point de parties où elle ne l’invitât. Il répondoit avec empressement à une distinction si flatteuse, et lui rendoit des soins assidus. Les mauvaises langues en glosèrent ; les personnes les plus bienveillantes arrangèrent entre eux un mariage. Pour moi, je l’avouerai, je ne doutai point que les vues de