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M. Fitz-Patrick ne fussent comme on dit d’ordinaire, très-honnêtes, ou, en d’autres termes, qu’il n’eût le dessein de s’emparer, par le mariage, de la fortune de ma tante. Ma chère tante n’étoit ni assez belle, ni assez jeune pour inspirer une passion ; mais, en revanche, ses grands biens lui prêtoient des charmes puissants aux yeux d’un épouseur.

« Les marques de déférence et de considération que M. Fitz-Patrick ne cessoit de me donner, me confirmèrent encore dans mon opinion. Je me figurai qu’il cherchoit à diminuer par là, l’éloignement qu’il devoit me supposer pour une union préjudiciable à mes intérêts ; et je ne saurois dire jusqu’à quel point cet artifice lui réussit. Contente de ma propre fortune, moins capable de calcul que qui que ce soit, je ne pouvois être sérieusement l’ennemie d’un homme qui me plaisoit par ses manières, et me traitoit avec des égards dont il se dispensoit envers la plupart des femmes de qualité.

« Cette façon d’agir m’étoit fort agréable ; il la changea bientôt pour une autre qui me le fut encore davantage. Il se montra sensible, passionné, et n’épargna pas les soupirs. De temps en temps toutefois, soit à dessein, soit naturellement, il s’abandonnoit à sa gaîté accoutumée ; mais c’étoit toujours en nombreuse compagnie