Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 3.djvu/120

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paratifs du voyage, M. Fitz-Patrick se leva tout-à-coup, et me quitta brusquement, en disant qu’il alloit au cercle. À peine fut-il hors de la chambre, j’aperçus à terre un papier qu’il avoit laissé tomber de sa poche, par mégarde, en tirant son mouchoir. Je le ramassai, c’étoit une lettre ; je ne me fis point scrupule de la lire ; je la lus tant de fois, que je puis vous la répéter presque mot pour mot. Voici ce qu’elle contenoit.

À M. Brian Fitz-Patrick.
« Monsieur,

« J’ai reçu votre lettre, et je suis surpris de la manière dont vous me traitez, moi qui n’ai jamais vu la couleur de votre argent, si ce n’est pour le prix d’un habit de tiretaine ; et votre mémoire monte aujourd’hui à plus de cent cinquante livres sterling. Songez, monsieur, depuis combien de temps vous me bercez de votre prochain mariage, tantôt avec cette dame-ci, tantôt avec cette dame-là. Je ne puis vivre d’espérance, ni de promesses. Mon marchand de drap ne se paie pas de cette monnaie. Vous êtes sûr, me dites-vous, d’obtenir ou la tante, ou la nièce, et vous auriez déjà pu épouser la tante, dont le douaire est immense ; mais vous préférez la nièce,