Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 3.djvu/145

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autre genre de défense qui me causa un trouble presque égal au sien : ce fut la récrimination. Il feignit d’être jaloux. Il peut avoir quelque disposition à la jalousie. La tient-il de la nature, ou du diable ? je l’ignore. Ce que je puis dire, c’est que je défie l’univers entier de rien trouver à reprendre dans ma conduite. La calomnie la plus effrontée n’a jamais osé attaquer ma réputation. Grace à Dieu, elle a toujours été aussi pure que ma vie. Je puis braver la calomnie. Non, ma chère miss Sensée, quoique provoquée, quoique maltraitée, quoique outragée dans mon amour, je me suis fait une loi inviolable de ne pas donner la moindre prise à la médisance… et cependant, ma chère, il y a des langues si dangereuses, si perfides, que l’innocence même ne sauroit échapper à leur malignité. Elles enveniment à plaisir un mot, un geste, un regard insignifiant, une ombre de familiarité… Mais je les méprise, elles ne m’ont jamais inquiétée un seul instant. Non, je vous proteste que je suis au-dessus de leurs atteintes… Mais où en étois-je ? Laissez-moi me le rappeler. Je vous disois que mon mari étoit jaloux, et de qui, s’il vous plaît ? de qui ? du lieutenant dont je vous ai parlé. Il lui fallut remonter à plus d’une année pour trouver un prétexte à cette étrange manie, s’il est vrai qu’il en fût réellement atteint, et qu’il n’eût