Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 3.djvu/154

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

qu’au premier coup d’œil la cause en paroisse inférieure à l’effet.

Sophie et sa cousine s’efforcèrent d’apaiser l’incendie dont la violence avoit répandu l’alarme dans toute la maison. Elles y parvinrent à la fin, ou pour suivre la métaphore, le feu ayant consumé toutes les matières combustibles, c’est-à-dire tous les termes injurieux que la langue peut fournir, s’éteignit de lui-même.

Quoique la tranquillité fût rétablie au premier étage, il n’en étoit pas ainsi au rez-de-chaussée. L’hôtesse indignée de l’injure faite au visage de son mari par les griffes d’Honora, demandoit à grands cris vengeance et justice. Le pauvre homme qui étoit la principale victime de la querelle, gardoit un morne silence. Peut-être se sentoit-il affoibli par l’effet des coups qu’il avoit reçus ; car son antagoniste, non contente de lui enfoncer ses ongles dans les joues, lui avoit appliqué son poing sur le nez avec tant de force, qu’elle en avoit fait jaillir des flots de sang. Joignez à cela l’embarras que lui causoit sa méprise. L’emportement d’Honora n’avoit servi qu’à l’y affermir ; mais un personnage de distinction, arrivé en brillant équipage, venoit de le détromper, en l’assurant que l’une des dames étoit une femme de qualité, et son intime amie.

Il monta, par son ordre, chez nos belles voya-