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geuses, et leur dit qu’il y avoit en bas un grand seigneur qui désiroit leur faire l’honneur de les saluer. Sophie devint pâle et tremblante à ce message qu’on trouvera sûrement trop poli, malgré la balourdise de l’hôte, pour l’attribuer à l’écuyer Western ; mais la peur, comme certains magistrats, se hâte souvent de juger sur de légères apparences, sans prendre le temps de rien approfondir.

Nous dirons au lecteur, moins pour dissiper ses craintes que pour satisfaire sa curiosité, qu’un pair d’Irlande qui se rendoit à Londres, étoit arrivé le soir, fort tard, dans l’hôtellerie. Pendant qu’il soupoit, il entendit l’affreux vacarme dont nous avons parlé ; aussitôt il sortit de table, courut vers le lieu d’où partoit le bruit, et trouvant près du feu de la cuisine la femme de chambre de mistress Fitz-Patrick, il apprit d’elle que sa maîtresse qu’il connoissoit parfaitement, étoit dans la maison. Sur cette nouvelle, il s’adressa à l’hôte, apaisa sa colère, et le chargea pour la dame, d’un compliment un peu mieux tourné que celui qu’on a lu plus haut.

Il ne confia point son message à la femme de chambre, et par de bonnes raisons. Elle étoit dans ce moment (nous l’avouerons à regret) incapable de s’acquitter de cette commission, ni d’aucune autre. Le rhum (il plaisoit à l’hôte d’ap-