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çonné que ces enchanteurs, si communs dans les vieux romans, figuroient les maris d’alors, et que le mariage lui-même étoit le château enchanté où gémissoit la beauté prisonnière.

Le lord possédoit une terre dans le voisinage de M. Fitz-Patrick, et s’étoit lié depuis quelque temps avec sa femme. À la première nouvelle de son emprisonnement, il travailla sans relâche à lui rendre la liberté ; et il y réussit, non en attaquant la place de vive force, à la façon des anciens preux, mais en corrompant le gouverneur, suivant la tactique moderne qui préfère la ruse à la valeur, et répute l’or plus irrésistible que le plomb, ou l’acier.

Comme mistress Fitz-Patrick n’avoit pas jugé cette circonstance assez importante pour la faire entrer dans son histoire, nous nous étions abstenu d’en parler ; et plutôt que d’interrompre son récit par un détail, en apparence indifférent, nous avions laissé supposer un moment qu’elle avoit fabriqué elle-même, ou trouvé, par quelque moyen extraordinaire et peut-être surnaturel, l’or qui avoit servi à séduire sa geôlière.

Le lord, après un court entretien, ne put s’empêcher de témoigner à mistress Fitz-Patrick sa surprise de la rencontrer en ce lieu, tandis qu’il la croyoit à Bath. Elle lui avoua sans détour qu’elle avoit été traversée dans son dessein par