Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 3.djvu/162

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

de sa compagne, et consentit à faire la première course en voiture. Elle s’y trouva ensuite si bien, qu’elle auroit voulu y rester ; et il ne fallut rien moins qu’un ordre exprès de sa maîtresse, pour la forcer d’en descendre et de monter à cheval à son tour.

Le carrosse étant rempli, partit escorté d’un grand nombre de domestiques et de deux capitaines en retraite. Ces officiers cédèrent aux dames les places qu’ils avoient occupées jusque-là dans la voiture ; en cela ils se conduisirent en gens bien élevés, mais ce n’étoient, au fond, que de vils complaisants, toujours prêts à faire mille bassesses pour avoir l’honneur d’être admis dans la société du lord, et l’avantage de s’asseoir à la table.

L’hôte, charmé du présent qu’il avoit reçu, étoit plus disposé à se féliciter qu’à se plaindre de ses contusions et de ses blessures. On désirera peut-être de savoir ce que Sophie lui donna. Nous ne pouvons satisfaire sur ce point la curiosité du lecteur. L’hôte, au reste, quoique très-content d’être indemnisé du dommage qu’il avoit essuyé dans sa personne, regretta fort de n’avoir pas su plus tôt le peu de cas que la dame faisoit de l’argent. « On auroit pu, dit-il, doubler chaque article de son mémoire, elle n’auroit pas marchandé davantage pour l’acquitter. »